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Porno sexiste : assez !!!
3 mars 2011

La pornographie

"Ni révolutionnaire, ni décadente, notre époque n'a pas inventé la pornographie. La représentation de la sexualité et sa mise en scène sont vieilles comme le monde. Mais la photographie et le cinéma ont changé les règles du jeu en permettant une image totalement réaliste, alors que la littérature et la gravure ne pouvaient que suggérer, à travers un réseau de codes et de métaphores.

Les sociétés libérales ont vu se développer une pornographie licite et aseptisée qui étale "sans tabous ni vertiges" le spectacle mornes de corps qui se disent libres".

"C'est une banalité que de dénoncer la nullité de la plupart de ces films : ils ne valent pas cher, mais ils n'ont pas coûté cher ! Il suffit de récupérer pour quelques jours la maison de campagne d'un ami, d'y réunir des débutantes, des secrétaires qui gagnent plus en un tournage qu'en un mois de travail et d'anciens macs reconvertis en acteurs. Ajoutez-y un scénario incohérent, sans rapport avec le titre du film, des dialogues affligeants, enchaînez sans la moindre vraisemblance mais à toute allure des scènes uniquement sexuelles. Attention, l'orgasme est obligatoire. N'hésitez pas au montage à récupérer quelques bouts de pellicules utilisés déjà dans d'autres films, c'est l'usage. Et vous offrirez au spectateur une heure trente de coït ininterrompu, avec quelques scènes de genre inévitables : sodomie, fellation, saphisme et partouze".

"L'essentiel est de convaincre les femmes de la jouissance d'être humiliées".

"Faut-il alors citer les spectacles "snuff" pour dénoncer le danger de ces positions faciles ? Spectacles vivants - déjà pratiqués à Rome - où les tortures, les dépeçages et la mise à mort ne sont pas simulés. Contrôlés par la Maffia, ces film sont distribués à prix d'or aux États-Unis. Même si ces spectacles sont rarissimes, le simple fait qu'on puisse les concevoir fait peur. Peut-on justifier leur existence en les considérant comme des exutoires à la misère sexuelle, des soupapes de sécurité qui éviteraient agressions et violences faites aux femmes ? Suppositions et alibis. On n'a pas la moindre statistique interprétable à ce sujet. Pas plus qu'on ne sait d'ailleurs dans quelle mesure le spectacle pornographique influence ou modifie la pratique sexuelle des spectateurs.

Comment les femmes peuvent réagir à des représentations dont elles sont les victimes les plus manifestes ? Par l'indifférence d'abord : elles disent souvent leur peu d'intérêt pour les lectures et surtout les spectacles pornographiques. Le principe même de la pornographie, qui est de détacher l'activité sexuelle proprement dite de sa mise en scène semble un plaisir d'homme plus que de femme : elles paraissent moins sensibles au voyeurisme qui, à la sexualité vécue, préfère ses représentations.

Elles sont ensuite si singulièrement absentes de la représentation pornographique ! Toutes les œuvres érotiques sont placées sous le signe de la même mise à l'écart du corps féminin réel. Qu'il s'agisse des tableaux complexes de Sade ou des déguisements aristocratiques (bien sûr...) de P. Réage, le corps féminin est tenu à distance par la parure et le maquillage, morcelé pour être remodelé, sacralisé pour être mieux nié et enfin immolé. Quant aux films, ils obtiennent par une démarche inverse un résultat semblable : ils veulent présenter la sexualité avec un réalisme tel que l'absence totale de rhétorique créé une sorte de discours neutre et blanc, un degré zéro de la représentation ; et les femmes sur l'écran ressemblent aussi peu aux femmes de chair des planches anatomiques.

Enfin, rien n'est plus éloigné de la sexualité féminine que ces images conçues par des hommes pour des hommes : accouplements accélérés sans tendresse ni caresses où la femme n'est que la servante du sacro-saint phallus. A chaque instant on peut lire l'ignorance et le mépris de ce fameux "continent noir" ; on y voit surtout la peur d'une animalité fondamentale des femmes, cachée sous les apparences socialisées. Elle est naturelle, donc abominable, écrivait Baudelaire. Elles jouissent comme des chiennes, répond le film classé X. Rien n'est plus rassurant alors que cette sexualité domptée, codifiée, de poupée gonflable active au service de super-mâles sans fiasco qu'on leur assigne dans le spectacle porno".

(Laurence Pannet in Terre des Femmes, vers 1983).

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Porno sexiste : assez !!!
  • Réflexions et écrits autour de cette pornographie contemporaine misogyne et commerciale qui pollue les esprits et bafoue la dignité humaine tout en se gavant de ses recettes financières basées sur l'aliénation et l'exploitation.
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