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Porno sexiste : assez !!!

21 juin 2022

"PORNLAND (GAIL DINES)"

Fiche de lecture et podcast à découvrir ici :

Pornland (Gail Dines) - Floraisons

Savez-vous que porno est devenue une forme importante d'éducation sexuelle pour des millions d'enfants ? Et qu'apprennent ces enfants ? Que l'humiliation et la violence sont au cœur des relations, de l'intimité et du sexe.

https://floraisons.blog



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26 mars 2022

"Julie Bindel : La vérité à propos de P*rnhub"

Vous n’avez probablement jamais entendu parler de MindGeek, l’énorme société de technologie qui possède Pornhub : le site porno le plus populaire au monde. Pornhub, qui reçoit 42 milliards de visites par an, est actuellement critiqué pour son manque apparent de contrôles de sécurité. Six millions de vidéos par an sont publiées sur le site ; certaines, selon les militantes anti-pornographie, montrent des viols et des agressions sexuelles. L’Internet Watch Foundation (IWF) a trouvé plus de 100 cas d’agressions d’enfants sur ce site entre 2017 et 2019.

Inspirées par la pétition créée par le mouvement Traffickinghub, qui a récemment atteint les deux millions de signatures, des activistes portent la lutte contre la pornographie directement aux portes de MindGeek. Le 2 octobre, une manifestation, avec masques et distanciation sociale bien sûr, se déroule devant son siège britannique à Uxbridge, dans le Grand Londres, dans l’espoir que cette protestation publique fasse pression sur le gouvernement pour qu’il accélère l’adoption de son règlement sur les préjudices en ligne et qu’il tienne les sites pornographiques responsables de leur complicité dans toute cette exploitation sexuelle.

MindGeek est la société mère de près de 100 sites web qui consomment collectivement plus de bande passante que Facebook, Twitter et Amazon réunis. Elle est devenue le plus grand conglomérat multinational de porno au monde, contrôlant la plupart des principaux sites pornographiques gratuits. Pornhub attire le trafic en offrant un accès gratuit, mais les utilisateurs sont ensuite bombardés de publicités pour des sites payants.

Selon Gail Dines, autrice de PORNLAND, une autorité de premier plan au sujet de l’industrie du porno, « plutôt que d’assumer la responsabilité du contenu téléchargé sur leurs sites, MindGeek insiste sur le fait qu’ils ne sont pas les créateurs mais simplement les hébergeurs, et que les « performers » artistes s’engagent toutes et tous dans le porno de manière consensuelle ».

J’ai passé de nombreuses heures à passer au peigne fin le contenu de Pornhub et je peux confirmer qu’il est extrêmement vil. Pornhub héberge des vidéos dont ceux de « femmes ivres mortes agressées ». On y trouve également des vidéos ouvertement racistes, telles que « Ebony slave girl porn » et une vidéo présentée comme « la vidéo porno la plus raciste jamais créée ».

Pornhub a été accusé de fermer les yeux sur l’exploitation des femmes figurant dans les vidéos du site. Aujourd’hui, principalement grâce aux témoignages de survivantes de l’industrie, le mouvement féministe anti-porno s’est intensifié ces dernières années. Mais la lutte contre le commerce du sexe ne doit pas être laissée aux seules féministes. Tout militant des droits de la personne devrait s’opposer à Pornhub, en raison des horribles vidéos figurant sur leur site.

Sara* a rencontré Phil* (aux noms changés pour protéger leur identité) lors d’une fête et a passé la nuit avec lui. Une semaine plus tard, Phil lui a envoyé via l’application What’s App des images d’eux au lit, et Sara, déjà bouleversée par le fait qu’il avait tourné cette vidéo à son insu, a été horrifiée de voir que ces images avaient été téléchargées sur Pornhub.

« Mon monde s’est effondré à ce moment-là », me dit Sara. Tout ce que je pouvais penser, c’était à quel point je serais violée pour toujours, parce qu’une fois que ce film est en ligne, il peut être regardé par n’importe qui.

Rose Kalemba qui, à 14 ans seulement, a été violée à la pointe du couteau par deux hommes tandis qu’un troisième filmait l’attaque. La vidéo s’est retrouvée sur Pornhub. Rose dit qu’elle a passé six mois à envoyer en vain des courriels à Pornhun, les suppliant de retirer les images de son agression. Elles n’ont été retirées qu’après que l’adolescente Rose se soit fait passer pour une avocate et ait adressé à Pornhub un courriel de mise en demeure. Rose me dit qu’elle a souffert d’un terrible SSPT (syndrome de stress post-traumatique), non seulement en raison du viol, mais aussi parce qu’il a été affiché en ligne.

Tina*, une ex-performeuse qui a échappé à l’industrie du porno britannique en 2012, déclare que « celles qui ont tenté de parler de ces agressions ont été réduites au silence et ridiculisées ». « J’ai quitté l’industrie après un incident au cours duquel ma boisson a été droguée sur le plateau ».

J’ai pu constater par moi-même à quel point l’industrie du porno est misogyne lorsque j’ai assisté aux XBIZ Porn Awards à Los Angeles. Mais je n’aurais jamais pu imaginer à quel point elle est devenue pire aujourd’hui.

Joignez-vous aux protestataires et tenez tête à ceux qui tirent profit de la douleur des femmes. La pornographie devrait être reconnue comme une propagande haineuse à l’égard des femmes et comme une incitation à la violence sexuelle. Plus la protestation contre des organisations comme MindGeek sera visible, moins il y aura de chances que des agressions soient considérées comme un simple divertissement.

Julie Bindel

Journaliste, autrice, diffuseure, militante féministe contre la violence sexuelle
Son prochain livre, Feminism for Women: The Real Route to Liberation, sera publié en février 2021.

Source : https://www.anti-k.org/

29 juin 2021

"Les méthodes de l’industrie pornographique sont identiques à celles des réseaux de traite des êtres humains "

Tribune parue dans le Monde le 21 décembre 2020.

La pornographie n’est pas définie juridiquement. Pourtant, ce terme cache à lui seul une longue liste de violences sévèrement punies par le code pénal et par les conventions internationales :  torture, viol, abus de vulnérabilité, proxénétisme, traite des êtres humains, incitation à la haine sexiste et raciste, injure sexiste, lesbophobe et raciste… On mesure ainsi le poids des mots et de leur puissante fonction sociale au service de l’impunité des criminels.

Partout dans le monde, les procès se multiplient et les survivantes parlent. En France, en septembre une enquête préliminaire contre “Jacquie et Michel” pour viols et proxénétisme a été ouverte par le parquet de Paris. En octobre, quatre pornocriminels étaient mis en examen pour viols, proxénétisme et traite d’être humain

Ce que l’on désigne aujourd’hui par l’expression “industrie pornographique” et qui produit des milliards de dollars de bénéfices à travers le monde – 219 985 vidéos sont vues chaque minute sur Pornhub – dissimule en réalité des réseaux criminels proxénètes et de traite des êtres humains à grande échelle. Les méthodes employées par l’industrie de la production de vidéos pornographiques sont sophistiquées et identiques à celles des réseaux de traite des êtres humains : rabattage, mise en confiance, soumission par le viol, exploitation, mise sous terreur, inversion de la culpabilité. Elle s’appuie sur le mythe archaïque et misogyne d’une femme objet sexuel qui serait avide d’auto-dégradation. 

Des violences aux séquelles psychotraumatiques gravissimes

Les tournages des actes sexuels sous contrainte économique et morale, des agressions sexuelles et des viols, voire des actes de torture et de barbarie sont la réalité constante du système pornocriminel. Il piège des femmes vulnérables et les contraint, malgré leur refus clairement exprimé ou par surprise, à subir des  sodomies, doubles pénétrations, viols collectifs, coups, gifles, étranglements, suffocations, jets d’urine, éjaculation faciale en meute… Ces violences, viols et tortures, leur laissent des séquelles physiques (déchirure anale ou vaginale, brûlures…) ainsi que des séquelles psychotraumatiques gravissimes. Un tableau d’une violence inouïe qui est bien loin de la propagande de ceux qui ont intérêt à faire croire que les femmes exploitées ont des “appétits sexuels démesurés”.  

Seule la complaisance et le déni peuvent permettre de croire qu’un tournage, avec ce qu’il comporte de violences extrêmes, puisse procurer autre chose que de la douleur physique et psychologique aux femmes qui le subissent.

L’impact de la pornographie n’est pas limité aux femmes qui subissent des violences sur les tournages mais s’impose à l’ensemble de la société. 

Les scénarios rédigés par les agresseurs font l’apologie de la haine des femmes, de la haine raciste et lesbophobe, de la haine des pauvres, de la pédocriminalité, de l’humiliation et de la déshumanisation des femmes et des filles. Sur Pornhub, les catégories “Teen”, “Interacial” ou “Fantasme familial” comptent des centaines de milliers de vidéos.

Une réponse à l’idéologie patriarcale

On trouve en deux clics des intitulés racistes, pédocriminels et misogynes tels que “ado noire se fait enculer par homme blanc” ou “collégienne salope soumise”. Une enquête du New York Times, parue le 4 décembre, montre que le site est infesté de vidéos de viols, de viols d’enfants, de femmes torturées, inconscientes. Le 10 décembre, MasterCard et Visa interdisaient tout paiement sur leur site. 

La pornographie véhicule l’idée selon laquelle la sexualité est indissociable de la brutalité. Elle est l’école, la légitimation des violences contre les filles et les femmes puisqu’elle repose sur une essentialisation des sexes : c’est parce que les femmes seraient différentes par nature qu’elles auraient besoin d’être dégradées pour éprouver du plaisir. C’est une idée que l’on retrouve dans les discours de justification du viol. Ainsi, la pornographie répond à l’idéologie patriarcale selon laquelle les hommes devraient dominer les femmes dans la société. Fessées, fouets, viols correctifs… La pornographie nous raconte une histoire selon laquelle les femmes doivent rester à leur place, soumises au pouvoir des hommes, une histoire qui fait l’apologie de l’oppression des femmes. 

L’imposition systématique de ces images à répétition réduit l’imaginaire sexuel des individus, les études citées par la sociologue féministe Gail Dines dans Pornland le montrent.

Une violation du droit international

Ainsi, là où la sexualité devrait être un continuum d’expériences et d’apprentissages, la pornographie entraîne une déshumanisation des femmes qui se retrouve à tous les niveaux de la société. Sous couvert de liberté, le “porno” est en fait l’affirmation de privilèges sexuels masculins et la possibilité pour certains de tirer profit de la vulnérabilité des femmes afin de faire fortune.

Tout comme le racisme, l’apologie de la haine et de l’humiliation des êtres humains, et principalement des femmes, sont illégales. La torture, les actes de barbarie, les viols sont des crimes.  La Convention Européenne des Droits de l’Homme met à la charge des États membres l’obligation de lutter efficacement contre toutes les atteintes portées à la dignité humaine. L’impunité dont jouissent à ce jour les réseaux criminels dits « porno » est clairement une
violation du droit international ! 

SIGNATAIRES

Elisabeth Moreno, Ministre déléguée à l’égalité Femmes-hommes, à la diversité et à l’égalité des chances.
Laurence Rossignol, Sénatrice PS
Madlala-Routledge Nozizwe, Embrace Dignity, ex-Minister & MP, South Africa
Clémentine Autain, Députée LFI
Aurélie Trouvé, porte-parole d’ATTAC
Sylvie Pierre-Brossolette, Présidente de la Cité Audacieuse
Mélanie Luce, présidente de l’UNEF,
Danielle Bousquet, Présidente de la FNCIDFF, ex-présidente du Haut Conseil à l’Egalité
Céline Verzeletti, Secrétaire confédérale de la CGT
Sandrine Rousseau, économiste et femme politique EELV
Albane Gaillot, Députée du Val-de-Marne
Benoît Martin, Secrétaire général de l’UD CGT de Paris
Laurence Cohen, Sénatrice PCF du Val-de-Marne
Diana Johnson, Member of Parliament, UK
Muriel Ressiguier, Députée LFI
Hélène Bidard, Maire-adjointe de Paris à l’égalité femmes-hommes
Raphaëlle Rémy-Leleu, conseillère de Paris EELV
Danielle Simonnet, Conseillère de Paris, LFI
Sylviane Agacinski, philosophe
Christine Delphy, chercheuse CNRS et militante féministe
Gail Dines, Présidente Culture Reframed
Céline Piques, porte-parole d’Osez le Féminisme !
Claire Quidet, Présidente du Mouvement du Nid,
Claire Charlès, Présidente des Effrontées
Muriel Salmona, psychiatre, présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie
Françoise Brié, Présidente Fédération Nationale Solidarités Femmes
Ernestine Ronai, Présidente Observatoire des violences faites aux femmes en Seine Saint Denis
Sophie Binet, Chargée de la commission femmes mixité de la CGT
Ghada Hatem-Gantzer, Médecin-Cheffe de la Maison des femmes
Gilles LAZIMI, médecin, militant associatif, professeur de médecine générale
Melissa Farley, Prostitution Research, USA
Emmanuelle Piet, Présidente CFCV (Collectif féministe contre le viol)
Marie-Hélène Franjou, Présidente de l’Amicale du Nid
Lorraine Questiaux, avocate au Barreau de Paris.
Planning Familial 75
Suzy Rojtman, Porte parole CNDF
Rosen Hicher, Survivante de la prostitution et militante féministe
Noura Raad, Coprésidente Réseau Européen des Femmes Migrantes (ENOMW)
Florence Montreynaud, écrivaine
Ensemble !
Geneviève Couraud, présidente d’honneur de l’Assemblée des Femmes
Anais Defosse, avocate au Barreau de Paris,
Monique Dental, Présidente fondatrice Réseau Féministe “Ruptures”
Quentin Dekimpe, Avocat au Barreau de Seine-Saint-Denis
Claire Desaint, co-présidente de Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir
Catherine Sophie Dimitroulias, Présidente de l’Association des Femmes de l’Europe Méridionale (AFEM)
Esther Fouchier, Présidente du Forum Femmes Méditerranée
Sandrine Goldschmidt, Présidente festival Femmes en résistance
Marie-Paule Grossetete, coprésidente CLEF (Coordination Française pour le Lobby Européen des femmes)
Lilian Halls-french, coprésidente Initiative Féministe EuroMed IFE-EFI Robert Jensen, Professeur émerite, Université du Texas
Huguette Klein, Présidente de Réussir l’Égalité Femmes-Hommes
Mie Kohiyama, Présidente de Moi aussi amnésie
Séverine Lemiere, Présidente Association FIT une femme un toit
Maïté Lønne, survivante belge de la prostitution
Nelly Martin, Marche Mondiale des Femmes France
Frédérique Martz, Présidente de l’institut Women Safe
Catherine Morin Le Sech, co-présidente CQFD lesbiennes Féministes
Flor Pousse, Las Rojas
Roselyne Rollier, Présidente Maison des Femmes Thérèse Clerc à Montreuil
Alexine Solis, survivante de la pornographie et militante féministe
Yves Scelles, Président de la Fondation Scelles
Judith Trinquart, Médecin légiste – Addictologue, Secrétaire Générale Mémoire Traumatique et Victimologie
Edith Vallee, présidente de l’association Matrimoine de Paris
Marjolaine Vignola, avocate au Barreau de Paris.
Alliance des Femmes pour la Démocratie
Féminicides par compagnons ou ex, collectif féministe
Zéromacho
Frédérique Pollet Rouyer, Avocate au barreau de Paris
Rachel Beaufort, Présidente, ISALA ASBL, Belgique
Chiara Carpita, Présidente de Resistenza Femminista, Italie
Irene Fereti, Greek League for Women’s Rights, Grèce
Annette Lawson, Ambassador, NAWO (National Alliance of Women’s Organisations), UK
Solveig Senft, Networking manager of SISTERS – for the exit from prostitöution! e.V., Allemagne
Marcus Svensson, Sakkunnig Realit Check / TALITA, Suède
Grégoire Théry, CAP international, Belgique
Persson Olga, President, Unizon, Suède
Linda MacDonald , Co-founder Persons Against Non-State Torture, Canada
Megan Walker, Executive Director, London Abused Women’s Centre (Canada)
Maria Dmytriyeva, Project Manager, Democracy Development Center, Ukraine
Jeanette Westbrook, Survivor of Non-State Torture, Trafficking, and incest, and child Pornography
Teresa Ulloa, Director at CATWLAC, Mexique
Terry Forliti, Breaking Free, US
Rachel Moran, International Speaker, feminist, UK

29 juin 2021

"Le système pornocriminel : un système de viols tarifés filmés"

Au même titre que le système prostitueur, le système pornocriminel ne peut qu’être considéré comme une arme de guerre gynocidaire, utilisée par les hommes contre les enfants et les femmes, tant ce système légitimise, encadre et perpétue les viols tarifés filmés. L’érotisation des violences masculines, commises par surprise, menace, contrainte et violence, amplifiées et diffusées par les pornographes et les voyeurs-violeurs par substitution, est un outil sûr et efficace pour maintenir et renforcer le patriarcat.

Des sculptures aux peintures, en passant par la littérature et la chanson paillarde, la pornographie (la représentation, graphê signifiant écriture, de femmes en situation de prostitution, pornê) a toujours réussi à jouer son rôle: proposer des modes opératoires aux agresseurs, donner des armes aux hommes, et sidérer les femmes et les enfants confronté.es à cette violence érotisée. Lorsque l’on rassemble et décortique ce que l’on connaît de ce système, s’imposant à nous dans chaque recoin de nos vies quotidiennes (pornification présente dans les publicités, films, clips…), et représentant près de 35% du contenu du web, on ne peut que réaliser sa ressemblance avec le système prostitueur.

 La « libération sexuelle » de la pornographie est un système de viols

L’association américaine Culture Reframed indique que 88% des scènes contenues dans les films pornographiques les plus regardés et téléchargés contiennent des violences masculines. L’ajout d’une caméra pour capter des scènes de violences sexuelles ne doit pas représenter un argument validant la pornographie, mais bien une circonstance aggravante aux viols subis. Selon le Code Pénal, tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol.

La surprise: Il suffit de rassembler des témoignages d’associations en contact avec des survivantes du système pornocriminel pour réaliser que ce n’est pas parce qu’elles signent un contrat avec les pornographes, contrat supposé réguler les violences durant les séances de viols collectifs, que les femmes et filles en pornographie ne se voient pas imposer des actes non prévus par avance. Ici, certains des actes de pénétration sexuelle sont commis par surprise.

La menace: Intimidation, chantage, risque de subir une violence pire que la précédente ou de voir sa paie réduite et par conséquent subir une plus grande précarité, toutes ces stratégies d’agresseurs constituent des menaces qui peuvent obliger les femmes sous l’emprise du système pornocriminel à subir toujours plus de pénétrations. Ici, certains des actes de pénétration sexuelle sont commis par menace.

La contrainte: Tout d’abord, rappelons que la nécessité d’une caméra, d’un contrat et d’un scénario dans le système pornocriminuel constituent structurellement des contraintes auxquelles les femmes ne peuvent se soustraire. Rappelons ensuite qu’être une victime de la pornographie n’est pas un métier, n’est pas une position souhaitable, désirable. Les femmes sont ciblées par les agresseurs pornographes dans des contextes vulnérabilisants, lorsqu’elles sont en insécurité psychologique, physique ou financière, lorsqu’elles souffrent des conséquences de psychotraumatismes antérieurs. Passant ensuite par toutes les étapes de la stratégie de l’agresseur, décryptée par le Collectif Féministe Contre le Viol, les pornographes vont ensuite isoler, et dévaloriser leurs victimes, qui ne vont plus pouvoir dénoncer leur situation autour d’elles. Puis, les pornographes vont verrouiller le secret sur ce que signifie réellement être une femme dans le système pornocriminel, et à propos des raisons amenant à en faire partie: la précarité, l’emprise, les mécanismes psychotraumatiques. Ici, tous les actes de pénétration sexuelle sont commis par contrainte.

La violence: La pornocriminalité constitue un système d’impunité, de promotion et de déploiement des violences sexuelles, des hommes contre les femmes. L’étude de Bridges (2010) montre, après une analyse de 50 films pornocriminels sélectionnés parmis les plus populaires, à quel point ces films contiennent et propagent des scènes de violences verbales et physiques contre les femmes (dans respectivement 48,7% et 88,2% des 304 scènes analysées). Ces violences sont aggravées par la présence d’une caméra sur les lieux des viols collectifs, caméra étant extrêmement dissociante pour les femmes et les filles durant une situation sexualisante. Ces violences sont décuplées puisque non seulement commises par les violeurs-acteurs, mais également par tous les agresseurs impliqués sur le plateau, porno-voyeurs, sans oublier les violeurs par substitution derrière leurs écrans d’ordinateurs, ceux-ci étant à l’origine et responsables de la demande. Ici, tous les actes de pénétration sexuelles sont commis par violence.

La misogynie entraîne la misogynie

Il est urgent de se positionner pour défendre les droits humains des personnes esclaves du système pornocriminel, et de s’interroger sur l’origine, la racine, des viols tarifés filmés: pourquoi ces violences existent-elles et à qui leur acceptation profite-elle? L’érotisation des conséquences psychotraumatiques des violences sexuelles masculines contribue par essence à une mise sous emprise globale des femmes et des filles, colonisées. Les porno-violeurs font la promotion des violences masculines, propagande donnant des armes à tous les autres agresseurs, notamment en empêchant femmes et filles de différencier excitation sexuelle issue d’un véritable désir libre et éclairé, et excitation génitale traumatique. La pornographie, système de viols tarifés filmés est une arme de guerre des hommes contre les femmes et les filles, contre laquelle lutte Osez Le Féminisme! Il nous faut penser aux jeunes enfants exposé.e.s en moyenne dès 11 ans à la violence banalisée véhiculée par la pornographie. Aux garçons apprenant que c’est cette violence qu’ils doivent aimer et réclamer. Aux filles, sidérées, forcées de considérer ces actes comme ceux d’une sexualité désirée. Il est impératif pour les filles et les femmes de pouvoir s’écouter elles-mêmes et de s’incarner pleinement, donc d’être libérées de tout regard extérieur rendu invasif par la présence d’une caméra, d’un appareil photo, de l’omniprésence de films pornographiques sur internet et dans le quotidien. Mais, surtout, il nous faut penser aux femmes et filles directement victimes des porno-violeurs, et faire de la lutte contre le système porno-criminel une priorité de notre combat féministe.


Merci à L. N. pour ses mots justes et ses analyses précieuses.

Juliette Mercier 

Source : http://feministoclic.olf.site/le-systeme-pornocriminel-un-systeme-de-viols-tarifes-filmes/

16 novembre 2020

"Figure du milieu porno en examen pour viol et proxénétisme"

Quelques mois après l’ouverture d’une enquête visant le site de porno amateur «Jacquie et Michel», la justice a mis en examen quatre personnes, dont un producteur connu.

Cette nouvelle affaire vient éclabousser un peu plus l’industrie pornographique française, alors qu’une enquête a été ouverte le 10 juillet sur la production des vidéos du site «Jacquie et Michel».

[AFP]

Nouvelle incursion judiciaire dans le porno amateur en France: quelques mois après l’ouverture d’une enquête visant le site «Jacquie et Michel», quatre personnes ont été mises en examen dans une enquête distincte pour «viol, proxénétisme aggravé et traite d’être humain aggravée», parmi lesquels un producteur connu.

Cinq suspects ont été interpellés le 13 octobre et placés en garde à vue dans les locaux de la section de recherches de la gendarmerie de Paris, chargée de l’enquête, a appris l’AFP lundi de source judiciaire.

Quatre de ces cinq personnes, parmi lesquelles l’acteur, réalisateur et producteur surnommé «Pascal OP», ont été présentées à un juge samedi, qui les a mises en examen pour «viol, proxénétisme aggravé et traite d’être humain aggravée», selon cette source.

Blanchiment de fraude fiscale aussi

«Pascal OP», placé depuis en détention provisoire, est aussi poursuivi pour «blanchiment de proxénétisme aggravé et blanchiment de fraude fiscale», ainsi que pour «travail dissimulé», a précisé une source proche du dossier.

«Pascal OP fait partie d’un circuit d’une quinzaine de producteurs qui alimente plusieurs plateformes de diffusion amateurs», parmi lesquels «Dorcel Vision» ou «Jacquie et Michel», explique à l’AFP le journaliste Robin D’Angelo, auteur d’un livre-enquête, «Judy, Lola, Sofia et moi» (Editions Goutte d’Or), sur son infiltration dans l’industrie du porno amateur.

«Pascal OP» est connu pour sa plateforme de vidéos pornographiques «French Bukkake», où «il produit ses contenus qu’il va vendre, mais il peut aussi bosser comme cadreur, rabatteur d’actrice, ou producteur pour d’autres plateformes», selon ce journaliste.

Cinq victimes potentielles

Selon la source proche du dossier, cinq victimes potentielles ont été identifiées pour les faits de «viol, proxénétisme aggravé et traite d’être humain aggravée».

Parmi les quatre personnes présentées à un juge samedi, deux ont également été mises en examen pour «diffusion de l’enregistrement d’images relatives à la commission d’une atteinte volontaire à l’intégrité de la personne», selon la source judiciaire. A l’issue des mises en examen, outre «Pascal OP», un autre individu a été placé en détention provisoire, tandis que les deux autres sont sous contrôle judiciaire.

Cette nouvelle affaire vient éclabousser un peu plus l’industrie pornographique française, alors qu’une enquête a été ouverte le 10 juillet pour «viols» et «proxénétisme» visant la production des vidéos du site «Jacquie et Michel», incarnation en France du porno amateur.

Dans ce dossier, trois associations féministes – Osez le féminisme, les Effronté-es et le mouvement du Nid – avaient effectué un signalement à la justice en février après la diffusion d’une vidéo par le site Konbini. Dans ce document intitulé «Les coulisses sordides du porno amateur», deux femmes témoignaient de pratiques sexuelles imposées contre leur volonté au cours de tournages.

Le mouvement du Nid de soutien «aux personnes en situation de prostitution» s’est réjoui «de ce qui pourrait marquer un tournant judiciaire face à l’impunité du +porno+, qui est de la prostitution filmée». «Nous espérons le début d’une réelle prise de conscience des violences perpétrées dans cette industrie», a dit dans un communiqué sa présidente Claire Quidet.

Pour l’association Les Effronté-e-s, «ces deux affaires, qui concernent des +grands noms+ du milieu du porno, démontrent une réalité que la société ne peut plus refuser de voir : la pornographie est un système criminel et les actes qu’on y voit relèvent majoritairement du viol et de la torture».

Source : https://www.lematin.ch/story/figure-du-milieu-porno-en-examen-pour-viol-et-proxenetisme-334408971688

A lire aussi : https://effrontees.wordpress.com/2020/10/19/apres-jacquie-michel-pascal-op-et-mat-hadix-le-porno-une-industrie-criminelle-en-bande-organisee/

Et ici une pétition : https://www.petitions.fr/contre_le_site_jacquie_et_michel

 

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1 octobre 2019

"La pornographie, c’est de la prostitution filmée, et totalement dépénalisée. Cela ne la rend pas sûre".

13 décembre 2017

"Comment la pornographie rend les inégalités sexuellement excitantes"

"L’année dernière dans mon bureau à l’Université, après avoir résumé pour un groupe de jeunes femmes la critique féministe de la pornographie (dont elles n’avaient jamais entendu parler), l’une des étudiantes, au début de la vingtaine, suggéra que les personnes âgées (telles que moi, de 57 ans) sont ringardes par rapport aux jeunes, notamment les jeunes femmes. Oui, une certaine pornographie est détestable, dit-elle, mais ses amies et elles ne s’en inquiètent pas outre mesure – ce n’est que du porno après tout.

Je lui proposai alors une situation hypothétique afin de tester cette affirmation : Imagine que deux hommes te demandent de sortir avec eux. Ils sont tous deux équivalents sur tous les critères qui comptent pour toi – sens de l’humour, intelligence, apparence – la seule différence étant que l’un d’eux se masturbe régulièrement en regardant de la pornographie en ligne et l’autre ne le fait jamais. Avec lequel serais-tu le plus encline à sortir ?

L’étudiante grimaça et reconnu qu’elle choisirait celui qui ne regarde pas de pornographie.

Pourquoi cet écart entre l’engagement à être porn-friendly et la préférence pour un partenaire qui n’en regarde pas ? Le dialogue, avec ces étudiantes et plusieurs autres jeunes femmes, révèle que celles-ci savent ce qu’est la pornographie et la façon dont les hommes l’utilisent, mais ont un sentiment de résignation par rapport à la culture populaire contemporaine.

Les pornographes commerciaux veulent nous faire croire que leur produit n’est que la représentation sur pellicule d’une activité sexuelle régulière. Bien qu’il existe des variations considérables dans le matériel graphique sexuellement explicite, la pornographie la plus courante est la domination masculine sexualisée, dont le genre gonzo repousse toujours plus loin les frontières de la dégradation et de la cruauté envers les femmes. Au-delà du matériel extrême produit par l’industrie de la pornographie « légitime » se trouvent des genres encore plus dégradants qui sexualisent toutes les formes d’inégalités possibles, particulièrement le racisme. À la base, c’est ce que fait la pornographie : elle rend les inégalités sexuellement excitantes.

Oui, des femmes utilisent aussi la pornographie – beaucoup plus maintenant que par le passé – mais quand même encore beaucoup moins que les hommes. Il suffit de demander aux pornographes pour qui ils font ces films : Les consommateurs principaux sont des hommes. Du reste, dans une société patriarcale, il est rentable d’érotiser la subordination des femmes aux hommes, ce qui devient alors une dimension de la routine masturbatoire masculine. Les femmes hétérosexuelles veulent-elles des partenaires dont l’imagination sexuelle a été façonnée et conditionnée par la subordination des femmes ?

De nombreuses jeunes femmes m’ont dit que la pornographie est tellement omniprésente qu’elles se sont résignées à fréquenter des hommes qui en consomment. « ça ne sert à rien de leur demander de ne pas le faire », me dit l’une d’entre elles, « parce qu’ils continueront ». Il est probable que certaines femmes affirment ne pas être dérangées par la pornographie tout simplement parce qu’elles estiment qu’il n’y a pas d’autres choix pour elles.

Dès les années 1970, une critique féministe de la pornographie offrait une alternative. Afin de mieux comprendre et de contester les violences masculines, des féministes ont analysé et ont dénoncé le sexisme et la misogynie, non seulement dans la pornographie, mais aussi à la télévision, dans les films, la publicité et la musique – qui présentent tous systématiquement des corps féminins objectivés pour le plaisir sexuel masculin. Sur tous les plans des médias de masse nous avons perdu du terrain au cours des dernières décennies, alors que la culture sexiste est devenue plus agressive et l’exploitation sexuelle des femmes toujours plus banalisée. Triste ironie : la trajectoire de la pornographie hardcoredepuis la périphérie vers le centre de la culture populaire démontre que les féministes radicales des décennies précédentes avaient vu juste.

Cette alternative féministe est disponible pour les hommes et les femmes. Tandis que les hommes se rendent de plus en plus compte que leur utilisation de pornographie mine leur capacité à vivre leur intimité, de sorte qu’il est difficile pour eux d’accomplir une performance sexuelle sans avoir en tête une séquence pornographique, cette alternative devrait être convaincante pour tout le monde.

Ceci n’est pas un appel à reprendre un contrôle conservateur de la sexualité des femmes, mais un argument contre l’exploitation des femmes par les hommes et pour une éducation sexuelle égalitaire. C’est un appel à la lutte contre « la crise de santé publique de l’ère numérique » comme l’appelle le mouvement Culture Reframed.

Durant les 30 premières années de ma vie, j’étais un mec « normal » qui utilisait du matériel porno. Bien que c’était à l’époque pré-internet et d’une forme moins extrême, je me sentais toujours mal à l’aise avec la façon dont ce matériel façonnait mon imaginaire sexuel. Le féminisme m’a donné le cadre, non seulement pour me défaire de la pornographie, mais aussi pour combattre la façon dont la domination masculine définit une si grande partie de nos interactions sexuelles. A la manière dont je contemple les trente prochaines années de ma vie à vivre dans ce cadre féministe, je peux dire sans hésitation que jamais je ne voudrais redevenir « normal »…"

Robert JensenTHE WASHINGTON POST, le 25 Mai 2016

Robert Jensen est docteur en droit & éthique des médias. Il est professeur d’Université à l’École de journalisme de Austin, au Texas. Il a également travaillé comme journaliste professionnel. Il est l’auteur deGetting Off: Pornography and the End of Masculinity(Débander : La pornographie et la fin de la masculinité) et The End of Patriarchy: Radical Feminism for Men (La fin du Patriarcat : le féminisme radical pour les hommes.)

Son site internet : http://robertwjensen.org

Tous ses articles sur la pornographie: http://robertwjensen.org/articles/by-topic/gender-sexuality-and-pornography/

Vous pouvez le suivre sur twitter : @jensenrobertw

TRADUCTION : Claudine G. pour le Collectif Ressources Prostitution

https://ressourcesprostitution.wordpress.com/2017/04/05/la-pornographie-transforme-la-violence-masculine-en-excitation-sexuelle/

12 mars 2017

Quelques articles en vrac

15 avril 2016

"Encore du porno"

"Je conduisais l'autre jour et j'ai entendu une émission de radio sur le VIH. Ca m'a fait penser aux pratiques de safe-sex et à la pornographie. Les acheteurs veulent voir le contact de peau à peau, des pénis dégainés, et du sperme - beaucoup de sperme. Le "bare-back" (sex sans préservatif) est la norme.

Le sexe non protégé n'est pas sans risque. Mais les actes sexuels dans la pornographie servent tous à augmenter ce risque : sexe anal, sexe avec de multiples partenaires, actes sexuels brutaux (sexe oral inclus), ass-to-mouth, anal-vaginal, bukkake (sur le visage)... tout ce qui peut causer des déchirures augmente le risque de transmission de VIH et hépatites. À cause de l'agressivité d'une si grande partie de la pornographie, et de la pénétration prolongée, y compris avec des objets ou des poings, les risques de déchirures sont grandement augmentés. Les anciennes blessures, de la dernière fois, peuvent se rouvrir à nouveau quand on est utilisée à nouveau. Tellement douloureux (j'ai vécu ça), et à risque.

Les prétendues "visites médicales" imposées dans certains milieux de l'industrie (largement pour apaiser la conscience du public) sont plus que risibles. On prescrit quotidiennement des antalgiques aux femmes dans la pornographie pour les "aider" à travailler, et bien plus utilisent l'alcool et les drogues pour engourdir la douleur. Le résultat c'est que même quand la femme est physiquement abîmée dans la fabrication de pornographie, elle est moins à même de le ressentir dans toute son intensité et donc d'arrêter et donc de se prévenir de plus de dégâts. Cela supposerait bien sûr qu'elle soit dans une position d'arrêter ce qui lui arrive, ce qui souvent n'est pas le cas. Même quand une femme n'est pas ouvertement sous la coupe d'un proxénète, il y a beaucoup d'autres moyens de la piéger à s'engager dans des actes sexuels qu'elle ne souhaite pas. L'alcool et les drogues affectent l'inhibition et la conscience, laissant la femme plus ouverte que jamais à la maltraitance. On peut lui dire que le contrat qu'elle a signé requiert qu'elle fasse certaines choses, ou son agent peut la pousser à performer des actes plus extrêmes pour la caméra (ça lui fait plus d'argent).
Difficile d'imaginer une femme dans une scène de gang bang, entourée d'hommes, et probablement avec un pénis enfoncé dans sa gorge, comme étant en position de dire "stop, vous me faites mal". En effet, la peur et la souffrance visibles sur le visage des "actrices" porno sur bien des DVD attestent clairement que ce n'est pas le cas. Elle peut avoir désespérément besoin d'argent et donc être vulnérable à la pression quand on lui dit de faire plus de choses déplaisantes pour plus d'argent. Ou alors elle peut être tellement mentalement abîmée qu'elle ne voit aucune autre option pour elle, aucun moyen de s'en sortir.

La pornographie utilise les femmes les plus vulnérables et elle se construit sur elles ravage après ravage, mental et physique. Des hauts-le-coeur en avalant des bites, couverte du sperme d'homme après homme dedans et dehors, couverte de bleus, boursouflée et saignant à l'entrejambe, gorge sèche, mâchoire douloureuse, et avec l'impression que ses entrailles vont se répandre, la pornstar, l' "actrice". Son anus, son vagin, sa bouche, ses seins et son corps sont offertes à la caméra, pour être utilisés et abusés sans scrupules. Et cette chose qui lui est faite pour la gratification d'hommes qu'elle n'a jamais rencontrés, on la qualifie d'empowerment, de libération, de divertissement inoffensif ! Les statistiques concernant l'alcoolisme, la toxicomanie, le suicide et le passé de maltraitances sexuelles racontent une histoire un peu différente - non pas que vous le sachiez : l'industrie, avec la collusion d'une société qui ne veut pas savoir, parvient à garder ces chiffres hors du débat. À la place, on se retrouve à bavarder sans aucun sens sur le "choix" et le "glamour".

Et ainsi la pornographie normalise la pratique du sexe risqué, dans tous les sens du terme. Le client peut profiter de la photo, du film, un million de kilomètres à l'écart de l'odeur du sperme, de la crasse, sans la souffrance et la peur et le danger. Il rit quand elle reçoit du sperme dans les yeux - ce n'est pas lui qui se retrouvera avec une infection oculaire demain. Il a le frisson en regardant des filles subir une pénétration buccale après une pénétration anale : en sécurité de l'autre côté de la caméra il n'a pas à s'inquiéter des IST, il imagine l'humiliation, ça l'excite, mais il n'a aucune idée de ce que ça fait vraiment.

Pendant qu'elle claudique jusque chez elle pour se frotter et se frotter et se frotter dans la douche, pour vérifier si elle saigne, pour évaluer les dégâts, pour se mettre une cuite et essayer d'oublier, il plie le magazine, éjecte le DVD et zappe dans sa tête, satisfait et sachant que son comportement est "normal", que c'est socialement acceptable - il ne fait de mal à personne.

Il n'y a rien de sécuritaire pour les femmes dans la pornographie, ou pour celles qui sont poussées par leur partenaires à reproduire les pratiques douloureuses et risquées que la pornographie promeut. La pornographie considère les femmes comme jetables, littéralement : elle les baise, et ensuite elle passe à la prochaine "chatte fraîche". La pornographie est aussi partout - elle fait partie de la culture ambiante. Comment pouvons nous être assez aveugles pour rater l'énorme contradiction entre la promotion de pratiques sexuelles sécuritaires et la glorification du porno ? Les deux sont totalement incompatibles.

Les mots "sécurité" et "pornographie" ne peuvent même pas appartenir à la même phrase. La pornographie détruit - le corps, l'esprit et l'âme. C'est un fait. Je travaille encore à défaire les dégâts qu'elle m'a faits".

Angel K.

Source : http://survivrealaprostitution.blogspot.fr/2011/11/encore-du-porno.html

24 décembre 2015

"Natasha Chart : La plus sexy des oppressions" (extrait)

"Et puis, il y a le porno généralisé, celui qui est devenu la norme pour les gens, avec des photos ou des vidéos d’actes sexuels, plutôt que de simples images de femmes nues, comme celles qui assuraient la vente du magazine Playboy. À la moindre erreur de terme de recherche, vous pouvez trouver sur Twitter des collections d’images, de récits et de vidéos sans restriction de « salopes » qui « en veulent » et d’« adolescentes » giflées, ligotées pour des viols collectifs, torturées jusqu’aux larmes, droguées pour faciliter leur viol, tous leurs « orifices détruits ».

On prétend que les participantes adorent cela. Je ne connais aucune adolescente qui rêve d’un prolapsus anal pour ses 20 ans, et cela ne me semble pas très sexy. Mais si les hommes sont divertis par l’idée de détruire les corps des femmes, alors je suppose que cela ne devrait pas être une surprise quand des hommes détruisent des corps de femmes.

Une des photos que j’ai vues sur un site de porno – et ce sur un compte Twitter public – était celle d’une femme couchée à plat ventre sur un lit, accroupie devrait-on dire – où l’on ne voyait d’elle qu’une mare de sang entre ses fesses écartées. C’était censé être une image sexy. Un divertissement. Des hommes se masturbent face à cette image, où une femme en chair et en os a été abusée sexuellement jusqu’au sang et quelqu’un qui a participé à son agression continue à diffuser cette image dans un but lucratif.

Une autre scène était une brève séquence .gif – sur ce même compte public Twitter – où un homme blanc essuyait ce qui était décrit comme son « cul en sueur » sur le visage d’une femme noire à genoux. On nous invite à en déduire, à partir du contexte pornographique de l’image, que cette femme a consenti à et aimé voir son visage utilisé comme du papier hygiénique pour le confort et la commodité d’un homme blanc. On nous amène à en déduire qu’elle a consenti à ce que cette vidéo soit diffusée sur Internet à l’intention de n’importe quel membre de notre société blanche et raciste. Cette image comptait parmi les moins explicites, mais les plus obsédantes, de ces photos de « sexe », accessibles facilement et sans frais.

Il y a des hommes qui sont divertis et contentés par ces images. Des millions d’hommes. C’est terrifiant.

Le fait de voir présentée comme divertissement sexuel une photo produite commercialement d’une femme, visiblement effrayée et contrainte par un poignard contre son visage, incite à déduire l’existence d’un public agréablement excité par ce scénario. J’espère ne pas connaître de tels hommes, ne jamais en rencontrer, et que jamais les personnes auxquelles je tiens ne croiseront le chemin de tels hommes. Mais comment voulez-vous les reconnaître ? Il n’existe pas un « type » d’homme qui viole et agresse – de tels hommes sont partout, ils ressemblent à tout le monde. Aucune femme n’a la moindre raison d’accorder à un homme qui aime l’image d’une femme violentée le bénéfice d’un doute à propos du fait qu’il ne voudrait pas personnellement vivre cette expérience, qu’il ne voudrait pas provoquer lui-même cette terreur".

Source (et article dans son intégralité) : https://tradfem.wordpress.com/2015/12/18/natasha-chart-la-plus-sexy-des-oppressions/

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